Les interventions monumentales dans des espaces publics dialoguent avec l’observateur en lui apportant du plaisir et du calme. L’œuvre abstraite du peintre Français Guillaume Bottazzi souhaite apporter l’art au plus proche des citadins.

L’inspiration provenant de la sensualité propre à la culture latine, a marqué le commencement de sa vie dédiée à l’art. Guillaume Bottazzi a migré de France en Italie, à Florence à l’âge de 17 ans. C’est là, dans l’un des centres de la culture occidentale qu’il a commencé à parfaire un langage visuel abstrait tourné vers l’occupation des espaces publics.

« Mes travaux dans l’espace public sont souvent permanents, alors qu’une exposition dans un musée est temporaire » explique Guillaume Bottazzi, qui a utilisé l’espace public dans des villes comme Bruxelles, Hong Kong et Tokyo pour transmettre le message que, d’après lui, l’expérience esthétique transforme les éléments du quotidien. Pour le peintre Français, le fait de montrer régulièrement ses œuvres au public lui permet de comprendre et d’expérimenter l’art comme une réalité qui apporte de la richesse à la vie de tous les jours.

La façon poétique dont l’artiste investit l’espace génère un impact sur l’observateur. Ce dialogue entre l’œuvre et ce qui l’entoure crée un lien entre les individus et leur environnement qui s’amplifie avec la monumentalité de chaque réalisation. Ces caractéristiques insistent l’observateur à se déplacer pour apprécier l’œuvre dans toute sa dimension. L’immersion générée par cette découverte l’implique de façon physique. Ainsi, « l’œuvre s’inscrit dans l’expérience personnelle du spectateur », explique l’artiste.

« Je crois qu’en matière de création les règles doivent être transgressées », soutient Bottazzi , pour qui la répétition est un ennui. Pour lui, l’inspiration ne peut se réduire à une structure, elle est rebelle et capricieuse ; « créer une œuvre d’art est pour moi un acte de sublimation, un dépassement de soi. », dit-il.

La pénétration et l’impact suscité par les créations de Guillaume Bottazzi va au-delà de l’évocation de volume impliqué par la tridimensionnalité. Ses interventions font part de l’environnement, un environnement que le spectateur voit sous une nouvelle perspective réinventée à la manière de l’artiste. La psychologie joue un rôle conséquent dans cette conversation, c’est l’intermédiaire qui donne sa forme subjective à l’expérience de chaque spectateur.

Les techniques propres à l’art abstrait permettent à Bottazzi de créer des formes éthérées qui – comme si elles étaient faites de vapeur – se diffusent et se mélent à la surface. « Le support est une partie constitutive de l’œuvre, il donne une impression d’infini. Je montre le visible et le non visible » , dit le peintre. Pour vérifier cela, il suffit de regarder comment la lumière entre en jeu, allant au-delà du cadre qui définit et contient chaque tableau.

Les grandes dimensions que les créations de Bottazzi ont souvent ont demandé à l’artiste de passer plusieurs semaines dans l’espace public. Depuis le commencement, la réalisation de l’œuvre est visible des spectateurs. Cet acte de performance ouvre l’intervention au passant. Du résultat final émane une sensation de calme et de bien-être qui accompagne les piétons qui traversent le lieu où est installée l’œuvre. Voici comment l’art devient un principe quotidien dans la vie des citoyens ordinaires.

Les lignes verticales et horizontales qui dessinent les villes et génèrent de l’anxiété entre les habitants contrastent de manière symbiotique avec les courbes relaxantes et enchanteresses murmurées par Bottazzi. De même, le public n’est pas dirigé dans une seule direction, car les œuvres sont abstraites et ne portent pas de titre qui pourrait orienter la perception vers une structure narrative prédéterminée. Pour l’artiste, « L’œuvre d’art challenge le potentiel créatif de celui qui la regarde. Je pense comme Kandinsky que l’art est “évolution”. L’art participe au développement de celui qui l’observe ». Le créateur de l’œuvre est mis au second plan ; il ne s’agit plus ici de l’artiste qui se raconte. Son intention est de créer un effet psychologique sur le spectateur.

Juan Paolo Casado, Licencié en littérature – Arte Al Limite – Juin 2017